Le faire ou mourir

Présentation du livre

Titre du livre : Le faire ou mourir

Auteur : Claire-Lise Marguier

Éditions : Le Rouergue

Nombre de pages : 103

Résumé

Vus de l'extérieur, ils faisaient plutôt peur, ceux de la bande à Samy, avec leurs coupes de cheveux étranges, leurs vêtements noirs, leurs piercings... Mais le jour où les skateurs s'en sont pris au nouveau du collège, Dam, avec son physique de frite molle, c'est Samy qui s'est interposé et lui a sauvé la mise. Et c'est comme ça qu'ils se sont rencontrés, et que l'histoire a commencé. Samy a essuyé le sang qui coulait de la tempe de Dam, avec sa manche noire. C'était la première fois que quelqu'un le touchait avec autant de douceur...

Mon avis

Je me plaignais de ne jamais avoir de coup de cœur, mon dernier datant de février, avec Lune mauve. A la fin, je me demandais si j'étais devenue difficile au point de ne pas savoir apprécier ce que l'on me proposait... Une sensation très étrange, et vraiment désagréable, que je vous souhaite de ne jamais connaître. 
Et bien là je ne peux que crier que je ne suis pas un monstre imperméable à toute émotion, car... J'ai eu un énorme coup de cœur avec Le faire ou mourir. Énorme énorme.

C'est l'histoire d'un garçon justement sans histoire, un peu effacé, qui ne sort pas de la norme et qui fait tout son possible pour ne pas se faire remarquer. Jusqu'à ce que Sam et sa bande de gothiques plutôt étranges lui offrent leur aide à la suite d'une bagarre. C'est là que tout commence. Dam le timide va commencer à s'affirmer et, peu à peu, à perdre pied. Il ressent une sensation toute nouvelle envers Sam, son meilleur ami et protecteur... Une sensation qui défit les lois de notre monde.

J'ai eu un coup de foudre pour le scénario, très atypique. Jamais on ne trouvera, je pense, un roman aussi juste, aussi bouleversant, avec autant de simplicité et de dureté dans la plume. Vous l'aurez compris, Dam ressent quelque chose de fort pour son ami Sam : de l'amour. Je me permets de l'écrire ici car on le soupçonne un peu dans le résumé original, et on le devine aussi dès leur première rencontre. Va s’ensuivre une relation tumultueuse, incomprise de presque tous, et particulièrement du père de Dam, qui va tout faire pour mettre des bâtons dans les roues du jeune couple. Cette relation m'a beaucoup émue. C'était beau, poétique, franc, sincère... Aussi inhabituel que romantique.

Les personnages m'ont totalement envoutée, surtout Sam. Il était vraiment touchant, très compréhensif, posé, diplomate. Il voulait comprendre ce qui arrivait à son partenaire, qui sombrait peu à peu dans la mélancolie de vivre et les doutes. Il a vraiment tout fait pour lui tendre la main, du jour où Dam s'est fait battre jusqu'à la fin...
Dam était mal dans sa peau, et était de ce fait un personnage très complexe, qui pose question. Le fait qu'il soit narrateur de l'histoire nous plonge au cœur de ses pensées les plus sombres, et nous permet de se sentir proches de lui. Pour ma part, je me suis vraiment identifiée à ce personnage. Il nous arrive tous d'avoir des hauts et des bas, et, pour moi, on peut tous, sans exception, penser la même chose que lui à un moment ou un autre.
J'avais une furieuse envie d'étriper la famille de Dam, qui ne comprenaient pas son homosexualité. C'était révoltant, et à chaque parole du père, mon cœur se soulevait de colère.

Ce roman est en partie constitué de passage narratifs. Il y a juste ce qu'il faut de descriptions, et les dialogues sont incorporés au reste, c'est-à-dire qu'ils ne respectent pas les codes habituels d'écriture de passage au discours direct (guillemets, tirets...). Tout est vraiment centré autour de la psychologie complexe du personnage principal, pour mon plus grand bonheur, car j'adore quand c'est le cas.

Il y a en fait deux fins, deux sublimes fins, pour lesquelles j'ai eu deux gros coup de cœur. Je crois que c'est la première qui m'a le plus touché, marqué. Dam, qui a contenu toute sa colère, tout ce qui n'allait pas durant la totalité du roman lâche tout, d'un coup, et c'est beau. Triste, aussi, mais... Je suis obligée de prendre la défense du personnage principal, car il s'est tellement battu contre lui-même, contre les autres aussi... Il y a un moment où il devait arriver à saturation. Il y y est arrivé.

La couverture laisse juste entrevoir ce qu'il faut du roman, et je trouve l'image très significative, très symbolique. Le noir, pour l'aspect dérangé de Dam, et le style gothique, pour refléter ce qu'il est en apparence. En quelque sorte, on a deux côtés qui s'opposent et s'assemblent : l'apparence et les pensées de Dam.

Bref, un roman poignant, bouleversant, qui m'a fait l'effet d'un grosse, très grosse claque. Un coup de cœur comme on en a très peu, avec des personnages plus que touchants, une plume simple mais dure, et une relation tumultueuse entre deux garçons. Je le recommande à tous, à partir de 14-15 ans.

19/20

Livre emprunté.