Titre du livre : Norlande
Auteur : Jérôme Leroy
Éditions : Syros
Nombre de pages : 149
Résumé
« Tout, finalement, est allé très vite après cette étrange conversation entre maman et moi à la cafétéria. C'était quelques mois avant que l'événement" ne se produise, quelques semaines avant que l'Autre n'entre en scène. Dans la mythologie norlandaise, le temps est circulaire, représenté par un serpent qui se mange la queue. Depuis cette table, dans ma chambre de la clinique, jamais une image ne m'a semblé aussi juste.
L'événement", l'Autre ont toujours été là. À attendre sur un point du cercle. Et c'est moi, nous, toute la Norlande, qui allions à la rencontre de ce point sans le savoir et sans pouvoir l'éviter. »
Jérôme Leroy transpose dans un pays de Scandinavie imaginaire la tragédie qui a eu lieu le 22 juillet 2011 sur l'île d'Utoya, en Norvège, et donne la parole à une jeune rescapée. Magistral et bouleversant.
Mon avis
Je ne sais pas si je vais arriver à écrire cette chronique. J'ai ressenti tellement de choses durant ma lecture qu'il est difficile de tout retranscrire. Mais bon, on va dire que c'est mon job, de vous faire part de mes lectures, alors je vais tout de même essayer. Mais c'est bien parce que c’est vous.
Je commence. Norlande a été un coup dur pour moi, et j'ai adoré ce roman, bouleversant, poignant, tragique. Cela raconte l'histoire d'une rescapée de la tuerie qui s'est déroulée en Norvège (ici la Norlande) le 22 juillet 2011. Dans sa chambre d'hôpital, elle confie ses peines, sa culpabilité, et ses doutes à son amie française, Émilie. Je me souviens bien de la tuerie du 22 juillet 2011, j'étais en Angleterre à ce moment-là, et une telle démonstration de violence m'avait vraiment choquée. Mais bon, comme pour tout les évènements tragiques, on finit par oublier, et au final rien ne reste. Norlande a remis sur le tapis une tragédie que j’avais totalement oubliée, et je peux dire que ça fait mal.
L'auteur, à travers sa plume magnifique, passe toutes les émotions de Clara jusqu'à nous, lecteurs, qui nous glissons en fait dans la peau de Clara, l'amie française, pour le moment de 150 pages. Que la lettre soit adressée à un proche de l'héroïne nous place en première position ; ainsi j'ai tout ressenti, comme si je connaissais Clara, comme si j'étais son amie et que je l'avais déjà rencontrée.
Pour ce qui est des personnages, ils m'ont tous beaucoup plu. Clara, adolescente engagée, pacifiste, mais détruite à l'arrivée, qui ne tente même plus de se reconstruire tellement elle est dévastée. Sa mère, femme agréable, posée, et profonde, qui voit sa fille s'écrouler sans pouvoir l'aider. Et le tueur, présentant des troubles psychologiques inimaginables, avec deux personnalités, deux identités différentes. Sur ce dernier personnage, j'aurais bien aimé qu'il soit un peu plus exploité, qu'on entre vraiment dans sa tête, qu'on traverse ses neurones pour savoir ce qui a pu l’amener jusqu'à tuer.
L'histoire voyageait entre le présent et le passé, entre la reconstruction de Clara et ses souvenirs. Tout ce mélange nous aide à la comprendre et ainsi à l'apprécier, à s'attacher à elle.
La fin était forte, puissante, dure, froide. En tant que lecteur, on assiste à une destruction de l’innocence, de l'humanité sans pareille. Je ne m'y attendais pas, et j'ai été choquée par ce final. Je suis restée sans voix, car après l'installation du cadre du roman, assez agréable, un si bref changement d'ambiance était terrifiant.
J'ai bien aimé le réalisme dont fait preuve le récit. Sur les organisations politiques fanatiques, les changements dans le monde. Une belle façon d'ouvrir les yeux sur une réalité qui n'est pas forcément toute rose.
La seule chose que je pourrais reprocher à Norlande est que, au bout de cent pages, on commence un peu à s'ennuyer, à se lasser. Bien sur, la fin, brève et puissante, fait une coupure, mais à certains moments j'en avais un peu marre. Aussi, l'auteur tâte le terrain et met en place la psychologie du criminel mais ne l'exploite pas. Même chose pour l'histoire d'amour. J'ai un peu eu l'impression de zapper, de passer d'un élément à l'autre très brièvement, comme à la télévision.
La couverture, que je trouvais si laide avant ma lecture, prend maintenant toute sa symbolique et me plait énormément. Elle est vraiment représentative du roman. Encore une fois, un exemple montrant que la couverture est importante et doit plaire dès le premier abord, même si elle est symbolique. Là, elle est magnifique... Après lecture. Cela peut en rebuter certains, et c'est dommage, je trouve.
Bref, bref bref... Je ne peux que vous recommander ce roman. J'en ressors mélancolique, choquée, et révoltée, dans un sens. Un très beau témoignage d'une reconstruction et d'une tuerie, à lire.
18,5/20
Livre emprunté.
J'aimerai beaucoup le lire!
RépondreSupprimerJe t'y encourage vivement, c'est un roman bouleversant ! :)
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